Août 1965 touchait à sa fin sous un soleil de plomb qui dardait la campagne. On avait envoyé Bruno et son grand frère en colonie de vacances, dans un coin reculé de Haute-Marne afin qu'ils y respirent le grand air au milieu d'enfants de tous âges. Bientôt, alors que les autres gosses venaient de regagner leur foyer pour y retrouver l'amour de leurs parents, une dame arriva dans sa belle voiture. C'était une assistante sociale. Elle empoigna Bruno et son frère avant de les faire monter sans ménagement à bord de son véhicule pour les conduire vers une nouvelle vie. Après plus d'une heure de route, les deux enfants découvrirent l'orphelinat dans lequel ils allaient devoir séjourner, entouré de murs gris, si hauts qu'ils cachaient l'horizon. Bruno, lui, allait devoir dormir dans ce lit à barreaux, installé au milieu d'une chambre à la lucarne munie également de barreaux. C'est ainsi qu'en attendant d'être grand, l'auteur commença son existence, tel un poussin de haie à la merci des plus grands dangers. Dans le patois normand, un poussin de haie est un enfant sans père.