« My Love, we are one »

— Je vous aime, lui dit Carla tout de go. — C’est peut-être réciproque, lui répondit Jean-Claude. Ils avaient dix-sept ans. Tout est parti de là. Dans son projet d’écrire un livre inspiré de leur histoire, Jean-Claude, alias Jess, aujourd’hui à la retraite, désire laisser une trace. Mais surtout, il rêve d’offrir un joli bouquin à Carla, bien écrit avec une belle couverture, au plus tard en 2023 ; tous deux auront quatre-vingts ans. Alors le temps presse. Il se décide à raconter des souvenirs, à inventer des histoires, à parsemer le tout de drôleries et de dessins d’humour. Au fond, tout cela cache une grosse anxiété. Il commence à douter de sa santé mentale. Il cherche à identifier certains signes semblant indiquer que le méchant Aloïs Alzheimer est en embuscade. Mais ce qui l’inquiète le plus, c’est une douleur qui s’insinue dans son crâne de plus en plus souvent au quotidien. Dans ce décor désordonné, Carla n’apparaît pas toujours au premier plan. Mais elle constitue la pierre angulaire de l’édifice. Elle est présente dans tous les épisodes de leur vie. Parfois en silhouette évanescente douce, bienveillante, mais aussi en ultime intervenante, jusqu’au dévouement absolu. D’un bout à l’autre de ce récit, le fil les a reliés, à divers degrés de tension. Ils ont toujours été un.