L’auteur regarde celui qu’il fut, alias Casarou, quarante ans plus tôt, avant le tournant du siècle. Ingénieur formé pour bâtir le futur, Casarou découvrit qu’il détruisait le passé. Quand les lampions de la fête s’éteignent un à un, fête de la beauté, de l’art, de l’esprit, mieux vaut se retirer. Aussi, Casarou fit-il un pas de côté, pour se cacher, entrer en dissidence. Pour désespérer ? Inutile, chacun sait déjà comment finit sa vie. Non, il se retira pour regarder au-delà de nos prisons, cultiver une espérance éternelle. Car si les pages de nos vies se tournent inexorablement, l’émotion qu’elles nous procurent est immortelle. Ce ne fut pas pour Casarou une idée vague, romantique ou surnaturelle, mais une idée précise, naturelle, liée à la mort du matérialisme, annoncée par des physiciens comme Bernard d’Espagnat : le monde a une réalité définitivement « voilée », accessible seulement par le biais de notre admiration intemporelle. Casarou employa ses années cachées à renforcer cette idée, à la relier aux sensibilités proustiennes et chrétiennes, en espérant se faire accompagner. Sans succès. L’auteur, relisant son passé, constate que la situation a empiré, la pente de la décadence est de plus en plus glissante. Aussi a-t-il jugé souhaitable d‘extraire un instant Casarou de sa retraite, pour qu’il tourne à nouveau nos yeux vers la liberté d’un ciel infini, au-delà des barreaux d’un matérialisme dont nous sommes les prisonniers de plus en plus désespérés.