Les veillées, des soirées d’hiver autour du kanoun, écoutant les contes, accrochés aux lèvres de nos grands-mères, étaient des moments fondateurs pour parfaire nos imaginaires communs. Les fables, ces petites histoires, ont bercé nos nuits par la splendeur des mots et l’éclat des images des personnages extravagants illustrés par les animaux. Nous allons raconter ces contes par écrit et les publier, cette fois-ci pour les mener jusqu’où l’histoire temporelle des hommes s’arrêtera. Nous avons ressorti leur substance poétique en souvenir de la gestuelle et des mimiques des grands-mères pour accompagner les récits en créant le contexte théâtral pour favoriser la chute finale : la moralité de la fable qui forge la spécificité de la personnalité de l’enfant amazigh. Ces fables se révélèrent, à notre grande surprise, comme des pépites, une conception spécifique propre aux Berbères d’Afrique du Nord pour transmettre ,en faisant parler les animaux, la pensée salutaire pour élaborer un système sociétal basé sur l’innovation et la modernité. Le modèle original des fables berbères fut copié comme une avancée de la pensée, à son époque, par tous les peuples du pourtour méditerranéen.