Montmartre, un narrateur, des personnages sans nom, des lieux nommés. Des échecs : infertilité, renoncement, infidélité, agonie amoureuse, entrecoupés d'élans mystiques. La voix d'un trentenaire universel dans la banalité de ses doutes. La voix d'une génération qui s'ingénie à inventer malgré elle, une vie amoureuse postmoderne vouée à l'échec. Entre réel disformé et prose poétique, Bodégoli est une vomissure existentielle chaude et fuligineuse. C'est aussi un faux voyage : un voyage immobile dans une ipséité qui traîne nonchalamment sa voix à travers le monde. Une voix impudique qui déroule un itinéraire amoureux baroque, ainsi que son exégèse maladroite. Le lecteur suit l’infini fil de cette pensée qui se croit silencieuse, et assiste à son obscurcissement progressif. Une pensée qui va pervertir en permanence la matière de ce qui est éprouvé, et jouer de ses propres douleurs, pour toujours plus éprouver, comme une ode / célébration inversée à la vie.