« Le retour à la patrie » a toujours été le rêve de mon père. Ignorant la réalité de cette décision, à un âge où traverser la terre n’était qu’une brève promenade, je me lançais dans l'aventure. Mais la rupture soudaine avec le pays natal, où les prémices d’une enfance commençaient à se forger, fut l’objet d’un déracinement qui hanta le reste de mes jours. Mon enfance demeurant immergée dans les profondeurs sénégalaises, je me livrais à ce pays du Moyen-Orient, hérité par défaut d’immatriculation. Captive du passé, je me rendais au destin que l’on m’imposait pour enfin abolir les barrières fictives d’une mémoire nostalgique et céder la place à de nouveaux souvenirs.