L'Hérétique

La vie de l’abbé André Brunel aurait pu être celle de beaucoup de curés de campagne, mais elle ne le fut d’aucune manière. Jeune vicaire de l’une des paroisses du faubourg de la Guillotière à l’époque de la guerre de 14-18, il est chassé de Lyon par l’autorité suprême de l’Église catholique de la ville. Cela pour avoir tenu des paroles iconoclastes en chaire et, surtout, pour avoir assisté Alphonse Honoré Bouvier, le plus grand guérisseur lyonnais du début du XXe siècle. Pire encore, pour avoir suivi les séances de spiritisme de Mme Combe, l’une des figures de la nouvelle Révélation. Parce qu’en ces années terribles, plus d’un quart des Lyonnais sont spirites. Ce qui déplaît tout autant aux autorités ecclésiastiques que préfectorales. Devenu le curé d’un modeste hameau de l’Aveyron, ce fils de grands bourgeois lyonnais va consacrer sa vie à soigner les petites gens des environs de Salelles, tout en essayant d’améliorer ses façons de procéder. Pour ce faire, il a pour parrains spirituels Jean-Martin Charcot, le colonel Albert de Rochas, Alphonse Honoré Bouvier, le professeur Ricard de Toulouse et, très vite, Jean Sempé, l’initiateur de l’abbé Julio bien connu pour ses prières de guérison. Le père Brunel connaîtra l’amour, plus encore la souffrance. Son âme demeurera pure cependant, même si, au bout du compte, il devra reprendre le fusil pour lutter contre les successeurs de ses ennemis d’autrefois.