Nous étions à la fin du printemps de mil neuf cent quarante-trois. Jean Bellegarde, âgé de dix ans, pénétrait dans la librairie d’Albert Goulet aux Trois-Rivières. Il ne s’imaginait jamais y découvrir un secret qui bouleverserait sa vie. Il y rencontrerait des auteurs audacieux, un conseiller extraordinaire et une fille inoubliable. Alors, la liberté lui saisirait l’âme et ne l’abandonnerait jamais plus dans cette ville étrange où les bigots pourchassaient les hommes libres. L’aventure avait commencé lorsque l’enfant avait acquis une petite tortue... Dans un univers totalement contrôlé par le clergé catholique et un despote, Maurice Duplessis (1890-1959), Premier ministre du Québec de 1936 à 1939 et de 1944 à 1959, les Québécois, et en particulier les Trifluviens, les habitants de Trois-Rivières, vécurent ce que les livres d’histoire appelèrent « la Grande Noirceur », comme si une chape de plomb avait été posée sur Trois-Rivières et le Québec. Aucune liberté civile ne régnait alors dans la province, aucune dissidence ne semblait possible. Mais à des milliers de kilomètres et à des centaines d’années de distance, un vent allait un jour souffler, apportant avec lui la graine de liberté qui allait germer en terre québécoise : la pensée de Voltaire, la tolérance, la liberté, l’égalité des Lumières du XVIIIe siècle. Ce sont ces valeurs philosophiques qu’incarne Jean Bellegarde, le héros de ce récit, à la fois témoin et acteur, parmi d’autres, de l’évolution sociale extraordinaire, la Révolution tranquille, qui transforma soudain un Québec maintenu dans l’ignorance en une société ouverte, pluraliste et résolument tournée vers l’avenir et le bonheur.