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Sous les rôniers, le vent ne parle qu’aux anciens. Il glisse entre les palmes, effleure les cicatrices des troncs, et murmure des noms que seuls les griots savent encore chanter en Afrique.
Ce jour-là, les cousins étaient revenus. Pas pour un mariage ni pour un deuil. Mais pour ce que l’on appelle, dans les villages où la mémoire est une lampe à huile, une « cousinade ».
Un mot qui ne dit rien aux étrangers, mais qui, ici, signifie tout : le retour des dispersés, la réconciliation des silences, la danse des lignées.
Ils étaient venus de Paris, de leur lieu d’émigration. Certains avec des valises pleines de cadeaux, d’autres avec des valises pleines de questions. Ce fut le cas de Ibrahima et de sa cousine Korka.
Et tous, avec ce regard un peu flou de ceux qui cherchent leur reflet dans les yeux des autres.
Sous le grand rônier du carré familial, on avait dressé les nattes. Les enfants couraient entre les jambes des anciens, les femmes s’échangeaient des recettes oubliées, et les hommes, assis en cercle, racontaient des histoires qui n’avaient jamais été écrites.
C’est là que Ibrahima, le cousin silencieux avant l’exil, prit la parole. Sa cousine Korka était assise plus loin, silencieuse.
Sa voix était rauque, comme un tambour qu’on n’avait pas frappé depuis longtemps. Il parla de l’exil, de la honte, de la colère. Mais il parla aussi de l’amour interdit entre cousins, de la terre, et du pardon.
Et quand il eut fini, personne n’applaudit. Parce que dans les cousinades, on n’applaudit pas. On écoute. On pleure un peu. Et on se relève ensemble.
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