Fruit d’une recherche documentaire essentiellement menée dans le riche fonds des archives départementales de Saône-et-Loire (ADSL), cet ouvrage tente de redonner vie à quelques milliers de villageois qui ont vécu à Tavernay au cours du XIXe siècle. Notables pour certains, gens de peu et gens de terre pour la plupart, ils ont contribué à en façonner le territoire et l’histoire. La cellule villageoise de Tavernay porte en elle-même l’ADN de ce siècle-charnière, empreint encore d’archaïsmes en même temps que tourné vers la modernité. Ainsi, les rythmes de l’existence – naissances, mariages et décès – signalent encore, jusque tard dans le siècle, une lutte générale pour la survie. Les rendements de l’agriculture, activité productive dominante, y restent également mesurés, malgré la fondation de la « Société d’Agriculture d’Autun » (1833) et de la « ferme-école de Tavernay » (1841). Ce n’est vraiment qu’un demi-siècle plus tard, grâce aux mesures hygiénistes prônées par l’École de Jules Ferry et aux progrès agricoles, que s’élève significativement l’espérance de vie. Vers 1840-50, l’exploitation du charbon et des schistes bitumineux ouvre la parenthèse industrielle de Tavernay, que clôt en 1903 la fermeture de la Grande Usine de La Comaille. L’arrivée de nombreux mineurs et ouvriers regroupés autour des puits et des usines constitue alors une force sociale et politique nouvelle. Plus volontiers perméables aux idées républicaines que les paysans, ils constituent à la fin du siècle les soutiens électoraux de la laïcisation de l’École et de l’État.