Avant la révolution de 1848, d’une plume vive et alerte, Victorine Marsaudon (1814-1855) dénonce les conditions de vie du prolétariat des campagnes en se basant sur ce qu’elle voit à Saint-Martial, aux confins du Limousin et du Poitou, et prône dans la lignée de Pierre Leroux un socialisme démocratique. Publiés dans la presse régionale ou nationale, ses écrits, non signés mais non dépourvus d’intérêt puisque longtemps attribués à tort, par certains, à Pauline Roland, témoignent du fait que même en Basse-Marche, une femme pouvait, au cœur du XIXe siècle, élever son esprit et enrichir le débat avec sa vérité de détail échappée à ceux qui, placés plus haut, y voient de moins près. Nul doute qu’avec la mise en lumière de ses Lettres villageoises et autres écrits, la « bonne dame de Chez-Bichoux » occupera enfin la place qui lui revenait de droit dans l’histoire de la pensée sociale.