« Les semaines et les mois passant, notre intention de départ avait fini par devenir un secret de polichinelle. De nombreux échos nous parvenaient par les canaux les plus divers et souvent improbables : “Emmèneront-ils leurs meubles avec eux ?”, “Moi, je prendrais bien le tableau suspendu à l’entrée”, “As-tu vu les déménageurs devant leur immeuble ?”, “Où et auprès de qui se préparent-ils à émigrer ?”. Ces rumeurs, vagues et sans effets directs, faisaient cependant l’objet d’interminables palabres à l’heure des repas familiaux ou des réunions entre amis. Sans en saisir la portée, et encore moins leurs implications réelles, je trouvais ces propos étranges et dissonants dans la bouche de mes parents. »