Elisabeth I d'Angleterre avait le cœur d'un roi mais n'en était pas moins femme. Dans une Europe déchirée par les guerres de religion, elle pacifie son royaume, fait prospérer les arts et les sciences et fait diffuser le théâtre comme une traînée de poudre - surtout quand il chante ses louanges. La jeune femme lettrée qui s'installe sur le trône apprend, dès son plus jeune âge, la peur, le courage, et voit la mort à sa porte : elle manque encore d'assurance, hésite, change, oscille entre le cœur et la raison. A la fin de sa vie, dans le silence de ses résidences, la voilà qui, sous la plume de Christian Soleil, se confesse à elle-même : fière, décidée, farouche. Elle se révèle au détour des lignes, solitaire, triste, fatiguée. Une reine au soir de sa vie, à l'heure où nulle illusion ne frappe plus à sa porte, témoigne de la vérité nue de toute existence : quoi qu'il advienne, il faudra perdre ses certitudes, ses illusions, les êtres chers, et jusqu'au corps qui ne répond plus comme la volonté le voudrait. Reine de marbre, Elisabeth I est un être de chair qui parle de ses doutes, de ses errances, de ses postures, et du souvenir ébloui d'une main sur son cou.